« Pistolet TESRO TS22-2»   par Christian Raynaud

18/4/2006

TEST

 

 

                          Les nouveaux pistolets de tir sportif TESRO sont conçus de manière à satisfaire aussi bien les tireurs de précision que ceux des tirs rapides « Standard » et « Rapid Fire » (Vitesse olympique chez nous) dans la version .22 LR ainsi que la discipline « Center Fire » en .32 S&W Long WC.

A ce que nous savons, c’est un ancien ingénieur de chez Carl Walther qui à monté cette ligne de produits pour le tir sportif, avec la collaboration de toute sa famille!
L’usine est d’ailleurs sise à Bächingen, soit à moins de 100 km de Ulm, fief de Carl Walther GmbH !
On pourra trouver des informations sur sa production en consultant le site :

www.tesro.de

 

Présentation du TESRO TS22-2.
           Dans un marché incontestablement réduit, on pourrait se demander s’il est utile de sortir un pistolet de tir sportif de plus. Notre réponse est : OUI, s’il est suffisamment innovant dans les 2 domaines essentiels que sont la créativité ergono-mécanique (inventer un nouvel instrument de sport) et la méthode de fabrication (ce que permettent aujourd'hui les technologies).
Nous reprendrons les arguments de l’usine dont nous avons pu vérifier la réalisation en y ajoutant quelques commentaires.
Stabilité et uniformité de la construction, grâce à des procédés de fabrication numériques, assurent la parfaite interchangeabilité des pièces de rechange. La même modernité se retrouve dans le choix des matières premières et des tolérances devenues très étroites.

Le boîtier complet  des TESRO est fabriqué par fraisage dans la masse d’un aluminium spécial, très dense et résistant.  Après le traitement des surfaces, le corps du pistolet sera recouvert d’une couche anti-usure dite Harteloxal. L’apparence lisse et dure de l’ensemble est d’un très bel effet.

Une seule vis longitudinale (à l’instar du Pardini) assemble les grandes composantes du pistolet dont le positionnement est garanti par des rampes de montage qui s’imbriquent sans ambiguïté.

Comme le reste, la hausse est remarquablement usinée. En Allemagne, tourner vers L signifie trop à gauche et donc va à droite et H dit trop haut donc descend!

 

 

La culasse est en alliage d’acier avec traitement spécial. La conception du mouvement de cette pièce fait qu’elle n’est soumise qu’à des contraintes longitudinales afin d’en garantir la longévité.

Ici, cette culasse (dont l'axe d'appui efficace est celui des ressorts récupérateurs intelligemment déportés vers le bas et  DANS la main) est un peu engagée dans le couvre-culasse; le guidage est donc celui d'un cylindre dans un tuyau, avec l'excellente répartition des contraints que cela suppose. Le frottement est réduit car ce sont seulement deux "bagues" d'un diamètre légèrement supérieur qui guident (flèche sur l'une d'elles).

Les ressorts récupérateurs, symétriques de l'axe du mouvement,  vont chercher leur appui au fond de longues percées.
Afin d'amortir au mieux le choc inévitable à la fin du recul, des petits ressorts sont placés concentriquement aux autres et maintenus par une sorte de pâte silicone. Une question: qu'adviendra-t-il de ce produit après des milliers de coups, le refaire?
Cette culasse pèse 136 gr., soit exactement le poids d'une culasse de Pardini SP.

L’axe du canon mais surtout ceux des ressorts récupérateurs sont très bas sur la main : le couple de la rotation au départ du coup en est réduit d’autant.

Le chargeur (magasin) est disposé en avant de la poignée. La grande masse de bois de celle-ci est donc facile à adapter de manière ergonomique. Ce principe existe chez Walther depuis plus de 40 ans, on le retrouve chez Pardini après l’avoir vu dans les -malheureusement- très éphémères PATRO.

Pour permettre l’orientation de la ligne de mire à la morphologie et aux habitudes du tireur, le système mécanique entier peut être orienté dans la poignée d’environ  ±7 ° dans le plan horizontal.

 
 

Pour limiter le recul et, surtout, les vibrations parasites à la fermeture de la culasse, ce sont 2 petits cylindres coulissant sous le canon qui jouent de leur inertie.
Ces masses mobiles ne peuvent être ôtées facilement parce que la collerette du tube de canon emmanchée dans le fourreau les retient.

 

        

En option, le contrepoids à balancier RDS-70 réduit particulièrement bien le cabrage. La cinématique en est tout à fait innovante et efficace. Toutefois, l’ensemble du pistolet s’en trouve alourdi de presque 150 gr. ! Cependant, un poids inerte de la même masse réduirait moins le recul et ralentirait même la reprise de la visée suivante par le fait de son inertie. La masse mobile du RDS (environ 70-80 gr.) est munie d’un ressort de rappel et de petits  tampons en O-ring atténuateurs de chocs.
 Ainsi équipé, le TESRO est on ne peut plus impressionnant!

La position du centre de gravité semble être avancée de très peu avec le montage du RDS. Cependant, l'effet produit par cette différence en termes de sensation dans la main est amplifié par le poids total ainsi largement majoré (CG RDS).

La pente de crosse de 125° est celle la plus généralement adoptée pour les pistolets modernes.

La modernité du Tesro s'exprime jusque dans son mode d'emploi: le carnet imprimé livré est en allemand et c'est un CDRom qui contient les traductions anglaises et françaises (attention, il y a des erreurs dans la page des réglages de détente; nous les avons corrigées dans l'encadré qui suit). A l'ère de l'informatique et tant qu'à faire, l'usine s'est offerte les services d'un infographiste pour plusieurs images en 3D tel cet éclaté.


Enfin, et c’est une petite attention (option payante !) à ceux qui aiment cliquer la hausse selon qu’ils visent une cible de précision ou de vitesse : c’est le guidon qui dispose ici d’une rampe et d’un système de maintien à clics spécialement destinés à cet usage.

  La belle boite à serrure numérique contient le pistolet, 2 chargeurs, une petite boite à outils, une grande clé de démontage, un livret et un CDRom.  
 

Le mécanisme de détente

Au départ de l'usine, la détente est réglée de manière à assurer un fonctionnement sans défaut et avec un caractère moyen. Nous entendons par caractère le rapport qu'il y à entre le jeu de pré-course, la longueur et le poids de la première puis de la seconde phase; on parle aussi de "bossette" mais ce terme est plus ambigü avec les détentes modernes: la première phase affirme déjà un certain poids de pression pour l'index qui, en continuant à presser vers un "point dur", n'aura plus qu'à ajouter quelques centaines de grammes pour faire partir le coup sans "coup de doigt" ou autre faute.

H- Poids du point dur

G- Longueur du point dur. On est toujours tenté de rendre la détente toujours plus nette, mais sans exagérer.

E- Position de la queue de détente, en longitudinal et rotation.

C- Back lash (course libre après décrochage)

A- Poids de la première phase

B- Engagement de gâchette. Agir là également avec prudence.

F et K- Jeu de la barrette de séparation. "S"= minimum 5/100 mm.

Essais de tir
Le plus important avec un pistolet de match n'est-il pas de tirer?
Immédiatement, le TESRO se révèle très doux. Si le cabrage au départ du coup existe bien (c'est tout de même une .22 LR qui part), le recul n'est pas agressif dans la main et cela rassure le tireur.
La détente, magnifiquement conçue et réalisée avec une très haute précision, est parfaite de netteté; Rien ne gratte ni n'accroche jamais.
La crosse, presque en plein bois vu le moignon de carcasse qui suffit à la fixer, peut être travaillée et adaptée à loisir. Assez mince au départ, il faudra sans doute ajouter de la pâte à bois pour certaines grandes paluches!
Au banc, les cartouches de toutes marques et prix fonctionnent très bien. Seules les "SK Standard Plus" nous ont causé quelques problèmes d'éjection par une faiblesse de charge ( 2 sur 100 coups).
Sur cible de précision C50 à 25 m, et ce sera notre seule réserve, les premiers résultats furent un peu décevants. Réflexion faite, il est apparu que le suivi (follow through) est indispensable après un bon lâcher. Nous avons vérifié la vitesse initiale des balles pour tenter de comprendre; Pour simplifier l'analyse des résultats, disons que cette V° est d'environ 10 m/sec  plus faible qu'avec un Pardini ou un FAS. (267 m/sec contre 276 m/sec avec des Fiocchi M300. Attention donc aux nouvelles cartouches spéciale "Rapid Fire" telles les RWS SP250 car elles partent parfois à 246 m/sec... ce qui n'est pas admis par le règlement ISSF! En conclusion, nous pensons qu'il y a ouverture un peu prématurée de la culasse, ce qui ralentit la balle et augmente le temps de canon. Par contre, en tir rapide (Standard et Vitesse), la douceur et le faible cabrage du TESRO sont très agréables. Le concepteur s'est sans doute basé sur les cartouches allemandes, des RWS Pistol Match probablement, qui donnent alors toute ses qualités au TESRO.

Caractéristiques

Poids total

1043-1188 gr.
Longueur 298 mm
Largeur 50 mm
Hauteur 138 mm
Longueur du canon 113 mm
Longueur de la ligne de mire 220 mm
Calibre .22 LR
Guidon 3,6/4
Cran de mire 3,8/4,2
Poids de détente 1000 gr.
Capacité chargeur 5
Crosse réglable noyer/lamellé
Valeur d'un clic à 25m 6 mm