«II- "modèles musculaires"»   d'après Alexander Kudelin

JOURNAL

 

 

Nous traduisons « muscle model » par  “modèle musculaire”, mais on pourrait dire « schéma de proprioception » ou, plus simplement mais peut-être insuffisant car n’y figure pas la composante mentale, « schéma corporel ». En tir spécialement, la posture et même la gestuelle sont adaptées à l’approche psychologique de l’action. « Se voir bien tirer », image mentale positive, est ce que veut dire A. Kudelin. Le spectateur ne perçoit pas cette expression dans l’immobilité, au contraire, par exemple, de la descente à ski où, sur la ligne de départ, on peut voir l’athlète mimer son parcours. CR

Pour un tir précis, un tireur doit maintenir son arme au centre de la zone de visée avant le tir, pendant le lâcher et après le départ du coup. Les muscles maintiennent le pistolet ou la carabine et le cerveau contrôle ces muscles.

Si nous voulons stabiliser l’arme, le cerveau doit envoyer de nombreux signaux aux différents muscles, simultanément au travers de tout le corps, des pieds à la tête et en même temps ET Il doit aussi envoyer un signal vers le doigt qui presse la détente !
Nous savons que le cerveau humain éprouve des difficultés à gérer plus d’une tâche à la fois. Nous devons donc essayer de combiner en un seul tous les signaux vers les muscles du corps et le doigt de détente, parce qu’il est plus facile de contrôler une action globale plutôt que de séparer le corps de l’action détente. Le « modèle musculaire » sera individuel et propre à chacun. Les différences se feront  dans leur manière de créer leur modèle et comment ils le réactiveront le jour voulu.

Par exemple, un tireur pourrait créer ce sentiment par:

1. Imaginer qu'il / elle est en pierre ou en métal.

2. Imaginer qu'il / elle est calme comme le plat de l'eau (lac, étang).

3. Imaginer qu'il / elle est Emons, Kyriakov , Shumann , Galkina , ou un autre tireur au top . (Cette méthode est souvent utilisée par les débutants)

4. Imaginer les concours précédents, où il / elle avait bien tiré et se rappelant le sentiment de la manière dont il / elle les atteint.

Il y a beaucoup d'autres méthodes pour définir son  modèle, mais le tireur doit essayer de créer le sien propre. S’il a du succès avec ce modèle, il  doit le recréer dans les compétitions à venir, sinon il  devra le modifier jusqu'à ce qu'il fonctionne.
Un tireur peut commencer à se souvenir  de son modèle :

1. En se concentrant sur une partie de son corps  et, de là, progresser vers le reste du corps, y compris le doigt sur la détente.

2. Utiliser, comme une clé, un ancien lieu de compétition où le résultat a été très bon.

Comment créer des « modèles musculaire » ?

Durant la compétition, un tireur peut essayer différents modèles ou même en changer s’il a de mauvais résultats … à la condition d’être capable d’en retrouver plusieurs. Si le tireur constate qu'un nouveau modèle ou qu’une modification donne de bons résultats, alors il peut l’adopter et commencer à l'utiliser pour de futurs concours dans des conditions similaires. Cela pourrait même se produire après avoir tiré aussi peu que deux coups pendant la compétition.
Après la compétition (le soir avant le coucher), il / elle doit répéter mentalement ce sentiment pendant environ 5-10 minutes, sans carabine ou pistolet et les yeux fermés.  Cette première pratique peut être répétée pour les 3-4 prochains jours mais pas plus de 10 minutes à la fois,  puis essayer au stand avec le tir réel et/ou à sec pendant 30-40 minutes au maximum. Pour cette séance particulière le tireur doit être en bon état physique et mental. Nous ne recommandons pas de faire cette session après une dure journée de travail ou avec d'autres problèmes personnels.
Durant une session réelle ou à sec, un  Scatt peut  être utilisé et le tireur ne sera concerné qu’avec le tracé (longueur et vitesse) et la taille de la zone de visée durant les 0,2 derniers dixièmes avant l'enregistrement de l’impact.
Selon leur capacité à atteindre ce ressenti, les tireurs peuvent augmenter le temps de ses sessions d’entraînement. Donc, si il / elle a besoin de ce modèle pour 1 heure au cours de la compétition, il / elle devrait être en mesure de réaliser le modèle pour une durée supplémentaire de 50% environ pendant l’entraînement.
Il est recommandé aux tireurs de surveiller leur état de fatigue et de prendre les pauses nécessaires. Lorsque le tireur est en confiance  avec un modèle, il / elle peut alors l’essayer lors d'une compétition.
Si le tireur n'a pas de modèle mais souhaite en créer lors de l’entraînement, il / elle doit arrêter l’entraînement pendant au moins une semaine pour créer un changement et effacer de son esprit tous les ressentis pour  recommencer à zéro.

Cette « remise à zéro » est parfois utile dans l’intersaison. (NDLR)

Après une semaine, il peut commencer une recherche  mentale pour un modèle de stabilité, c’est à dire sans fusil ou pistolet et les yeux fermés. Le tireur doit utiliser un objet pour simuler la prise en main et le lâcher afin de pouvoir créer le modèle (par exemple, à partir d’un contrôle vidéo). Faire cela pendant 15-20 minutes pendant deux jours. Après les deux jours, il / elle peut aller vérifier le modèle qu’il a construit sur le stand avec un Scatt et répéter la méthode d’analyse de la dimension de la surface de visée. .
Ceci peut être utilisé pour créer des modèles supplémentaires de sorte que le tireur peut avoir le choix pour la prochaine compétition. Si l'un est inefficace, il reste alors possible d’en essayer un autre.

Pour les curieux, une documentation vidéo variée sur http://www.youtube.com/watch?v=o9iyRq4sJ7s