«I- Analyse de la coordination»   d'après Alexander Kudelin

JOURNAL

 

 

Le Diagramme de « coordination » montre, pendant une seconde avant le lâcher, les mouvements de la visée lorsque le tir se prépare et ses déviations en axes X  et Y. La courbe finale montre la déviation moyenne de toutes les trajectoires de visée par rapport au centre de la cible. L’analyse de la courbe permet l’évaluation des compétences d'un tireur et de sa préparation à un moment donné.
La courbe peut être de trois types différents:

• doucement décroissante avant le tir.

• Horizontale et régulière.

• Croissante avant le tir.

La première et la seconde des courbes types sont indicatives d'un tireur en bonne forme et d'une formation réussie, mais il faut également prêter attention à la distance du centre de la cible. Des débutants produisent souvent des traces sans heurts décroissants ou des lignes horizontales correctes … mais assez loin du centre de la cible !
Le troisième type de courbe -celle avec une légère montée-  rapporte l'existence d’un problème au cours de la dernière étape du tir. En d'autres termes, l'arme dévie le point de visée avant de tirer.
Le début de l'ascension de la courbe est presque toujours situé dans la fourchette de 0,3 à 0,2 secondes avant le tir. Il est lié au temps de la réponse physiologique d'un être humain. Tout en visant, et après avoir fait les ajustements nécessaires, un tireur prend une décision et ordonne à son  doigts d’actionner la détente. Le délai entre la décision et l'exécution est de 0.2 à 0.3 secondes.
Le même phénomène est observé sur la cible lorsque l’on prend en compte la simple analyse d'une trajectoire de visée.

Dans l'exemple suivant, la trajectoire de la visée 0,2 secondes avant le tir est représentée en bleu, tandis que la trajectoire 1 seconde avant le tir est en jaune.
Il apparaît que le tireur tient plutôt bien son arme en ligne avec le centre de la cible pendant 1 à 0,2 seconde avant le tir mais que l'arme est déviée pendant les 2 derniers dixièmes de seconde.

Ce phénomène peut être considéré comme le problème numéro UN en tir. En réalité, il est rencontré par chaque tireur, du débutant au champion olympique. Quand on en demande les raisons, les réponses des tireurs sont tout autant que le doigt hésite à appuyer sur la détente ou que celle-ci parait trop dure. Une autre réponse courante est que la stabilité est bonne mais que, au moment de tirer, la visée dévie du centre. La cause principale de ce problème repose sur la perte de contrôle de la position de l’arme.

De l’origine des erreurs

Lors d’un tir, le tireur doit concentrer son attention sur 3 axes principaux: viser, appuyer sur la détente, contrôler la position de l’arme. Mais, comme on le sait par la psycho et la physio, une personne ne peut se concentrer de manière efficace sur plusieurs actions en même temps. Une seule action, c’est OK, 2 simultanément c’est considérablement plus difficile, tandis que 3 ou plus sont impossibles à contrôler en même temps. C’est précisément le cas du tir ou il y a 3 éléments à contrôler.

Avant le lâcher, le tireur concentre son attention sur la visée et le contrôle de la position de son arme, ensuite et après quelques ajustements, il prend la décision d’actionner la détente. Mais sa capacité de concentration est insuffisante et il est contraint d’emprunter une partie de sa concentration déjà utilisée ; c’est le plus souvent celle qui gère la position de l’arme et il en résulte un tir imprécis.
Analysons maintenant une par une ces actions afin de mieux comprendre le problème.
Le contrôle de la position de l’arme est toujours la première priorité : avant le tir, pendant et après le tir.
La visée et l’action sur la détente sont 2 actions qui se disputent la priorité. La physio nous dit sur quelle action l’accorder en premier.
Quand on porte son attention sur les muscles (le doigt), le temps de réponse est, en moyenne, de 0.2 sec. tandis que le système sensoriel (la vue) répond en 0.3 sec.

En 1980, l’expérience suivante fut menée avec la participation du team national URSS.
Un moniteur montrait un cadran d’horloge et un petit point lumineux tournait à la périphérie. Il était demandé au tireur d’arrêter le point à 12 h pile avec un bouton.
Lorsque la concentration était portée sur l’écran, il y avait 10-15%  d’arrêts exacts et 25-35% lorsque l’attention était sur la pression du doigt.
En conclusion, l’attention des tireurs doit être prioritairement fixée sur la position et l’action sur la détente  tandis que la visée reste sous un contrôle passif.
Suivre cette règle permet de maintenir le contrôle de la position et de la tenue durant la phase finale du tir.

Je voudrais mettre en garde contre l'erreur la plus commune dans l'analyse du problème. Quand un entraîneur constate que le moment le plus favorable pour un score est de 0,3 secondes avant le tir effectué, il a tendance à recommander que le tireur fasse partir  le coup un peu plus tôt. Cependant, cela n’aide pas car la principale cause de l’erreur, par exemple la perte de contrôle sur les muscles de maintien de l’arme en position, n'est pas examinée.
Ainsi, si vous voyez que la courbe sur le graphique est ascendante, la principale conclusion est que vous devez penser à contrôler la position de l’arme, avant et pendant l'exécution d'un coup.