|
«Analyse BEIJING 2008» par Christian Raynaud |
JOURNAL |
|
|
|
Les jeux Olympiques de
Beijing 2008
à peine terminés, les bilans fusent de partout. Chaque athlète de haut niveau mais aussi tout qui a
suivi de près la vie de ces sportifs (entraîneurs, famille, etc.) sait que la
contre-performance guette les meilleurs et qu’il ne faut pas pour autant les
vouer aux gémonies. ARifle W : Lidija MIHAJLOVIC, 20ème avec 394, elle était championne d’Europe à Winterthur cette année avec 399. APistol M : notre voisin Frank DUMOULIN, pourtant vainqueur à Sydney, est 34ème avec 576 ! Prone 50m M : Classé 1er mondial par l’ISSF, Sergei MARTYNOV termine les JO à la 8ème place avec 595. Free Pistol : Mikhail NESTRUEV, 6ème mondial avec 573, est classé 23ème avec 552. 3x40M : Matthew EMMONS, grand favori, lâche un 4,4 en finale et obtient la plus mauvaise place, la 4ème ! Rajmond DEBEVEC est 3ème avec 1176 tandis qu’il loupe son AirRifle à la 31ème place (589 tout de même, mais sans podium !). Sport25mW : Jasna SEKARIC, triple médaillée olympique et au palmarès impressionnant, n’obtient que la 31ème place avec 578. Rapid Fire : Ralf SCHUMAN (46 ans), grandissime favori
parce que déjà plusieurs fois médaillé, obtient l’argent et laisse le bronze à
son jeune compatriote Christian REITZ (24 ans) sur un avantage de deux dixièmes
de points en finale ! Si l’on pense qu’un seul « step » est de
5mm et que le meilleur groupement canon/munition est probablement supérieur à
cette différence… on comprend que, depuis 3 ans, Ralf devienne
mystique :« Ce qui a changé est ma foi en Dieu (…) C’est Jésus qui
fait la différence »(ISSF NEWS 4/2008). Nous savons tous que, en sport plus qu’ailleurs, ce sont d’infimes détails qui font la différence. D’une rencontre à l’autre, les écarts ne sont pas toujours explicables à première vue. Restons dans la discipline « Pistolet Rapid Fire », significative par de plus grands écarts de points qu’en « 50 m Rifle Prone ». Le vainqueur est PETRIV, avec 580 p. (rien d’exceptionnel pour un titre olympique), sélectionné avec un MQS de 583. SCHUMAN le suit avec 579 et son MQS était de 590 ! Rappelons brièvement les règles de sélection du couple ISSF/CIO : pour être admis à participer aux JO, il faut avoir obtenu un « quota » (bonne place dans le classement d’une épreuve qualificative) ET réalisé un MQS (Minima Qualification Score) défini par ces instances. Analysons un instant le tableau de ces MQS qui comportent quelques paradoxes. En RF, en renouvelant un MQS de 573 vous étiez 10ème aux JO ! Pistolet 25 m Dames : le MQS de 555 vous laisse hors classement (la 41ème fait 558). Rifle Prone : se gagne avec 599, le MQS de 587 vous place 62/75. Air Pistol Men : 586 par PANG Wei , le MQS de 563 offre la place 46 sur 47. Air Rifle Women : 400 pour Katerina EMMONS, le MQS à 375 est hors classement, après la 47ème. Souhaitons que ces minima requis soient revus à l’avenir. C’est d’ailleurs tout le problème posé par le choix de scores qualificatifs précis : rares sont les références absolues et une compétition n’est pas l’autre. C’est pourquoi nous choisirons, pour l’établissement de notre grille de points de sélection URSTBF, de privilégier la pondération par la moyenne des résultats obtenus. Les quotas sont attribués selon les résultats des Coupes du Monde (World Cup) et des championnats continentaux. Afin d’augmenter vos chances d’aller aux JO, vivez en Australie et gagnez les championnats d’Océanie avec 573/600 (Rapid Fire, Bruce QUICK –le bien nommé- termine à la 17ème place/19 avec 574). En conclusion, une seule
évidence : la difficile tâche du sélectionneur est plus aléatoire que de
jouer au tiercé ! La complexité de la direction technique est de laisser subsister ces espoirs, de favoriser l’éclosion de talents sportifs exceptionnels, d’encourager et soutenir ceux et celles qui sont sur la bonne voie… mais de ne pas abandonner les tireurs de compétition simplement heureux dans un niveau international inférieur : ils demeurent des exemples, sont dépositaires d’une somme de connaissances, restent les moteurs de l’émulation dont on a besoin. On entend souvent dire qu’il nous faut « des jeunes ». C’est évidemment exact mais avec une nuance dans l’échelle du temps : 1/ Imaginons que des réformes fondamentales soient
mises en place par la communauté française (sport-études, équipements,
installations, détection à l’école, etc.). Un rêve ? Ces mesures ne
produiront leurs effets que dans 20 ans. Pour terminer, je vous invite à consulter l’étude statistique
en fonction de l’âge/classement olympique (quelques tableaux en annexes,
l’intégralité des statistiques et des résultats se trouve sur www.cybertir.com).
Il apparaît clairement que le plus haut niveau EN TIR est atteint – en moyenne- entre 30 et 40 ans. En équipe de France, on parle de 15h/semaine sur le stand pour un « pro »… Afin de rendre cela possible, le lieu d’entraînement idéal ne devrait jamais être à plus de 50 km (ou ½ heure de trajet) du domicile, accessible toute l’année et par tous les temps (indoor donc). Quel sera l’horizon 2012 ? Bien sportivement, Christian
Raynaud |